Histoire le Birman

On nous demande souvent pourquoi on l'appelle chat sacré. Ce chat aurait son origine en Birmanie. Une très belle légende raconte qu'il serait le porteur de l'âme de son compagnon humain décédé, avant qu'elle n'arrive au paradis. En Birmanie, ses compagnons humains étaient généralement des moines bouddhistes, de là l'adjectif «sacré». L'histoire moderne du chat sacré de Birmanie est presque aussi mystérieuse que sa légende. Les-uns continuent de croire à l'aventureux voyage en bateau d'un couple de ces chats entre la Birmanie et la France où cette race est apparue pour la première fois au début de ce siècle. Les autres sont d'avis que le chat sacré de Birmanie est une brillante performance d'un élevage français mariant élégamment le siamois, le persan et le chat de gouttière.

C'est dans les années vingt que le chat sacré de Birmanie fut reconnu en France comme race véritable. Malheureusement, peu de birmans survécurent à la Deuxième Guerre mondiale. Un programme d'élevage admettant de nouveaux croisements fut donc inévitable pour rétablir la race. Dans les années 60 il y eut un véritable «boom» du chat sacré de Birmanie (Romy Schneider avait également le sien) et la race fit un triomphe dans le monde occidental.

LÉGENDE

Il existe beaucoup de versions de cette légende. Celle-ci est la toute première, extraite de l'ouvrage de Marcel Reney, Nos amis les chats (Editions Ch. Grasset, Genève, 1947). Le docteur vétérinaire Fernand Méry l'avait publiée en 1926 dans Minerva, un hebdomadaire féminin d'avant-guerre (de 1925 à 1938) auquel il collaborait. La légende lui avait été contée par Marcelle Adam, romancière, secrétaire du syndicat des romanciers français.En ce temps-là, dans un temple bâti au flancs du mont de Lugh, vivait en prières le très vénérable kittah Mun-Hà, grand lama précieux entre les précieux, celui dont le dieu Song-Hio lui-même avait tressé la barbe d'or…

«Pas une minute, pas un regard, pas une pensée de son existence qui ne fût consacré à l'adoration, à la contemplation, au pieux service de Tsun-Kyanksé, la déesse aux yeux de saphir, celle qui préside à la transmutation des âmes, celle qui permet aux kittahs de revivre dans un animal sacré la durée de son existence animale, avant de reprendre un corps auréolé de la perfection totale et sainte des grands prêtres. Auprès de lui méditait Sinh, son cher oracle, un chat tout blanc, dont les yeux étaient jaunes, jaunes du reflet de la barbe d'or de son maître et du corps doré de la déesse aux yeux de ciel… Sinh, le chat conseiller, dont les oreilles, le nez, la queue et l'extrémité des membres étaient de la sombre couleur du sol, marque de la souillure et de l'impureté de tout ce qui touche ou peut toucher la terre.Or, un soir, comme la lune malveillante avait permis aux Phoums maudits venus du Siam aborrhé, de s'approcher de l'enceinte sacrée, le grand prêtre Mun-Hà, sans cesser d'implorer les destinées cruelles, entra doucement dans la mort, ayant à ses côtés son chat divin et sous les yeux le désespoir de tous ses kittahs accablés.C'est alors que se produisit le miracle, le miracle unique de la transmutation immédiate: d'un bond, Sinh fut sur le trône d'or et se jucha sur la tête de son maître affaissé. Il s'arc-bouta sur cette tête chargée d'années et qui , pour la première fois, ne regardait plus sa déesse. Et comme il restait à son tour figé devant la statue éternelle, on vit les poils hérissés de son échine blanche devenir soudain jaune d'or. Et ses yeux d'or devinrent bleus, immenses et profonds comme les yeux de la déesse. Et comme il tournait doucement la tête vers la porte du sud, ses quatre pattes, qui touchaient le crâne vénérable, devinrent d'un blanc éclatant, jusqu'à l'endroit que recouvrait la soie des vêtements sacrés. Et comme ses yeux se détournaient de la porte du sud, les kittahs, obéissant à cet impératif regard, chargé de dureté et de lumière, se précipitèrent pour fermer sur le premier envahisseur les lourdes portes de bronze. Le temple était sauvé de la profanation et du pillage.Sinh n'avait pas cependant quitté le trône et le septième jour, sans avoir fait un mouvement, face à la déesse, et les yeux dans les yeux, il mourut, mystérieux et hiératique, emportant vers Tsun-Kyanksé l'âme de Mun-Hà, trop parfaite désormais pour la terre.Et quand, sept jours plus tard, les prêtres assemblés se consultèrent devant la statue pour décider de la succession de Mun-Hà, on vit accourir tous les chats du temple. Et tous étaient vêtus d'or et gantés de blanc, et tous avaient changé en saphir profond le jaune de leurs yeux. Et tous en silence entourèrent le plus jeune des kittahs que désignaient ainsi les ancêtres réincarnés par la volonté de la déesse…»«Et maintenant, précisa la conteuse, que meure un chat sacré au temple de Lao- Tsun, c'est l'âme d'un kittah qui reprend à jamais sa place au paradis de Song-Hio, le dieu d'or. Mais malheur aussi, conclut-elle, à celui qui hâte la fin d'une de ces bêtes merveilleuses, même s'il ne l'a pas voulu. Il souffrira les plus cruels tourments jusqu'à ce que s'apaise l'âme en peine qu'il a perturbée…».

CARACTÈRE

Les chats sacrés de Birmanie deviennent des membres de la famille très affectueux, éveillés et joueurs. Ils sont très heureux de vivre en compagnie d'autres chats, d'autres animaux ainsi que d'enfants. Les chatons qui ont grandi en compagnie d'enfants ont le plus souvent des nerfs très solides et conviennent particulièrement bien à des foyers très animés ou comme chats d'exposition.

Leur manière ouverte et spontanée d'aller vers les gens, leur affection, leur fidélité, sans pour autant être importuns, font des birmans d'excellents compagnons pour les personnes âgées. Mais un chat sacré de Birmanie ne doit pas rester seul. Il a besoin qu'on lui consacre du temps pour qu'il se sente bien et qu'il puisse déployer complètement son caractère charmant. Ce n'est pas un chat pour des personnes professionnellement très actives qui sont rarement à la maison durant la journée, sauf si on lui donne un autre chat comme compagnon.

Le chat sacré de Birmanie est un chat d'appartement idéal qui ne cherche pas à sortir lorsqu'il a été élevé en appartement. Il est content d'avoir une terrasse, un balcon, un petit bout de jardin fermé ou au moins une fenêtre protégée pour qu'il puisse prendre l'air et observer les oiseaux. Mais il ne faut pas pour autant penser que c'est une race qui ne pourrait pas vivre dehors ! Il a l'instinct de survivre et de chasser comme tout autre chat. Si l'on habitait dans un environnement sans voitures, nous permettrions nous aussi à nos animaux de sortir. Si plusieurs chats sacrés de Birmanie vivent dans un ménage et si la place à disposition leur permet suffisamment d'individualité, ils développent des types de comportement semblables aux chats qui vivent en plein air. Il y a par exemple le célèbre rendez-vous «neutre» où le groupe de birmans se rencontre en début de soirée. Certaines pièces sont tabous pour l'un ou l'autre chat et les places préférées sont énergiquement défendues une fois conquises. Celui qui s'occupe beaucoup de ses birmans et qui leur parlent sera étonné de la grande variété de leurs réactions «verbales». Certains chats sacrés de Birmanie sont de véritables pipelettes.

Mais toutes ces capacités ne tombent pas tout simplement du ciel. Elles proviennent d'un élevage harmonieux, des dispositions naturelles de chaque chat et des lignées d'élevage. Lors du choix de ses animaux d'élevage, un éleveur conscient de ses responsabilités tiendra tout aussi bien compte de leur caractère que de leur apparence physique. Il n'utilisera pour son élevage que des chats au caractère typiquement affectueux du sacré de Birmanie.